vendredi 28 mai 2010

Le respect Humain

Méditation faite par Annabelle le Lundi de Pentecôte 2010, sur les routes de Chartres : 

Nos obstacles, l'orgueil (=le respect humain)

« La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. » (Luc X,2)

En raison de votre baptême, chacun et chacune d'entre vous a le devoir de s'engager et de se former pour permettre l’établissement du règne de Jésus ici-bas. C'est à dire, être des témoins actifs de l’Evangile.

Chacun selon ses moyens, son état de vie, sa position dans la société nous pouvons et surtout nous devons y travailler.
Le patron peu permettre à ses employés de sortir plus tôt en semaine sainte afin qu'ils puissent aller à la messe s'ils le désirent, ils peut installer un crucifix là où est la machine à café, etc. L'infirmière peut informer ses patients sur les activités de l'aumonerie, l'étudiant emmener un camarade à la messe...

Pour quelles raisons restons-nous inactifs, et pourquoi le Seigneur doit-il se plaindre de ce qu’il a peu d’ouvriers ?

C’est peut-être parce que nous vivons à une époque où l’on recherche excessivement le plaisir, l’immédiateté et la facilité, et où l’on n’ose plus prendre de décisions vraiment mûries dans la réflexion. Or le problème est justement que l’engagement, en tant que don de soi, ne vise pas de plaisir immédiat, ne va pas sans difficultés ni sans détermination, mais nécessite un jugement éclairé de la raison et du temps. En effet, engagement et plaisir immédiat sont antinomiques.

 Ces obstacles sont nombreux, mais nous verrons qu'il existe des remèdes. Voyons ces obstacles :



1.La paresse:


La plupart de nos contemporains ne vit qu’au niveau de sa sensibilité. Ils font font oublient la raison, la notion de temps, notament le futur, au privilège de leur vécu, c'est flagrant lorsque nous regardons le journal télévisé, lorsque nous écoutons les réactions de nos pairs sur tel ou tel sujet, chacun s'insurge de tel ou tel politique du gouvernement sans voir la réalité des faits présents ou avenir, certaines fins demandent des sacrifices, des efforts, du temps. Répondre à l’appel du maître demande de voir sur le long terme. « Allez, vous aussi, à la vigne. » (Mt XX,7). Notons qu’il ne s’agit pas là seulement de cet appel spécial à la vie sacerdotale ou religieuse, que l’on nomme ordinairement « vocation », mais bien de l’appel universel de tout chrétien à la mission, selon son état de vie : « Les laïcs ont le devoir et le droit d’être apôtres » (Décret Apostolicam Actuositatem, Vatican II). Un tel engagement en effet demande de l’énergie et des sacrifices. Il faut renoncer à certains loisirs, à un certain confort de vie peut-être, parcequ’il faut libérer du temps dans les agendas. Car l’engagement au service du Christ ne nous dispense pas de nos devoirs d’état (études, travail professionnel, éducation familiale...). C’est donc dans le « temps libre » que nous allons devoir faire du tri. Apparaît alors le risque de renoncer à modifier notre petit train de vie. Cette répugnance que nous avons à quitter notre tranquillité personnelle s’appelle la paresse. Cela commence par vouloir ne pas se lever le matin lorsque son réveil sonne, et à prolonger de manière tout à fait consentie un repos devenu coupable. Cela entraine inexorablement à manquer son devoir de chrétien à se former pour agir et s'engager plus tard.



2.L'acédie:


Mais lorsque la paresse est appliquée au domaine surnaturel de nos rapports avec Dieu, elle porte un nom bien plus terrible : la tiédeur (ou acédie). Apocalypse 3:14-16 : « Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. ». L'acédie est l'un des sept péchés capitaux. L'acédie est la paresse spirituelle, elle dégoûte de tout, même de Dieu, car on ne peut aller à Lui sans renoncement. 
L'acédie est un fléau qui a toujours existé mais qui est de nos jours assumés, voir revendiqué, même si ses victimes n'ont pas conscience du coté morbide de leur mal. Exemple: ne plus aller à la messe et s'en trouver tout un tas de bonnes raisons, penser qu'avoir une vie pleine de solidarité (différent de la charité) et de bien, dispense de devoirs envers Dieu...

L’acédie peut être une épreuve passagère, mais peut être aussi un état de l’âme qui devient une véritable torpeur spirituelle et la replie sur elle-même. C’est alors une maladie spirituelle. L’âme éprouve donc de la tristesse vis-à-vis de Dieu. Voici comment le Saint Curé d’Ars parlait de la tiédeur : « Une âme tiède n’a plus qu’un amour sans tendresse, sans activité et sans force. Elle voudrait agir, mais sa volonté est tellement molle qu’elle n’a ni la force, ni le courage d’accomplir ses désirs. (...)Une personne tiède réfléchit peu sur l’état de sa pauvre âme. Elle assiste à la sainte messe à peu près comme à une action ordinaire. (...) Les confessions et les communions d’une âme tiède ne sont pas sacrilèges mais ce sont des confessions et des communions sans fruit, qui bien loin de rendre l’âme plus parfaite et plus agréable à Dieu, ne la rende que plus coupable.(...)Les âmes tièdes aiment à faire le bien, mais elles voudraient qu’il ne leur en coûtât rien, ou du moins bien peu. ».
L'acédie signifie en Grec ancien : négligence, indifférence, « ne pas prendre soin de ». On a l’image de quelqu’un qui néglige de prendre soin de lui-même, et finit par se désintéresser de tout. Ne devenons donc pas des jeunes blasés de tout, ayez et entretenez vos idéaux, inscrivez vous à des camps de jeunes, des activités cathos, mais pas seulement cathos pour justement commencer à être des apôtres, et pour connaître parfaitement bien la réalité du monde dans lequel nous sommes (pas celui dans lequel notre microcosme nous fait évoluer), la connaissance de la réalité du monde, la formation et le désir et la volonté de faire régner le Christ parmi nous et dans nos vies permettront que cela vienne. L'acédie est la maladie du monde actuelle!!! Ainsi, l'acédie désigne l’état de quelqu’un qui est en perte de foi, ou du moins ne la ressent plus, dont le doute l’emporte sur la croyance, et qui cesse de faire des efforts par l’étude et la connaissance de Dieu et les pratiques religieuses telles que la prière, l’adoration, les lectures saintes, la participation régulière aux offices et le service du prochain. Contre ce mal, l’âme a une double protestation : celle de l’effort et celle de la douleur, et dans le regret pénible de l’âme, il y a l’émanation de l’amour. Cepandant, contre l'acédie,attention à ne pas tomber dans l'inconstance. 

3.L’inconstance:

Cousine de la paresse, l’inconstance consiste non pas à ne rien faire mais, au contraire, à faire trop : ne faire que ce qui nous plaît, et passer d’une chose à l’autre selon le goût du moment. L’âme inconstante se détourne d’un bien pour un autre sous l’attrait du plaisir, elle a tendance à papillonner. C’est ainsi que l’on observe aujourd’hui de nombreux jeunes s’investir dans de multiples groupes, pour faire un apostolat « à la carte » : « ça me plaît, j’y vais ; j’ai mieux en vue, je vais ailleurs ». Mais un apostolat authentique n’est fécond que dans la durée et la fidélité.

4.L’antipathie:

Mener une action en groupe plutôt que seul est plus motivant, plus efficace (plus de moyens), plus ecclésial surtout. Le Christ nous y invite Lui-même lorsqu’il envoie les soixante-douze disciples deux par deux pour évangéliser la Palestine : Nous devons toujours agir « en Eglise », au moins en union d’âme avec l’Eglise, car elle est le canal ordinaire de la grâce de Dieu que nous voulons transmettre. Le problème, serait-on tenté de dire, c’est que l’Eglise a des membres. Nous sommes tous différents, avec des tempéraments parfois opposés. Selon nos affinités ou répulsions naturelles pour certaines personnes, on peut donc préférer garder ses distances à l’égard d’un groupe plutôt que de s’investir. Attention cepandant à ne pas tomber dans l'ecceuil qui est de ne s'engager nul part ce pretexte.

Cette attitude est trop naturelle, dans ce domaine surnaturel qu’est l’apostolat. Mais ne peut-on comprendre ce dégoût, lorsqu’il à pour cause le mauvais exemple de groupes qui se disent chrétiens, et se divisent à tous propos ?

Il est navrant en effet de constater que bien souvent, dès que trois chrétiens s’assemblent pour une oeuvre commune, ils ne peuvent pas ne pas se disputer ? Il y a bien là de quoi être révolté et vouloir garder ses distances. Vouloir Instaurer le règne du Christ sur Terre est notre devoir, mais le premier devoir est la charité entre nous, donc veillez à rester unis et bienveillant entre vous, chrétiens. Maintenant que nous avons vu les principaux obstacles au fait de se lancer dans un engagement: la paresse, l'acédie, l'inconstance et l'antipathie; voyons les difficultés rencontrés dans l'engagement. L'engagement ne vas pas sans difficultés. Dans la logique de consommation qui pénètre jusque dans les milieux chrétiens les plus fervents,la recherche de la facilité va de paire avec la recherche de satisfaction personnelle. 

Précédemment nous avons vu que l’obstacle pouvait être le plaisir, mais nous allons voir maintenant que la difficulté est un obstacle encore plus gros : 

1.Le découragement :

On peut être généreux, s’engager sans crainte des sacrifices, et puis finalement baisser les bras, tomber dans le découragement devant les difficultés. Tout commence avec les incidents matériels : le camion logistique qui tombe en panne, le réseau informatique qui saute, la moitié des effectifs malade, etc... On peut se décourager aussi à cause de l’échec apparent de notre action. C’est oublier que Dieu seul est celui qui agit et porte du fruit à travers nous. « Je le sens, disait la Petite Thérèse, lorsque, j’aime mes soeurs, lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ». Telle est l’attitude des saints et des missionnaires qui ont évangélisé le monde! Certains comme Saint Jean-Marie Vianney pouvait peut être se réjouir du succès de son ministère, mais d’autres saints on goûté l’amertume d’un travail apparemment stérile. C’est le cas du Bienheureux Charles de Foucauld, dont la vie de prière et d’accueil au milieu des touaregs, n'a conduit à aucune conversion. Il a pourtant persévéré avec confiance, détachement et abandon. Certains se découragent avant même de s’engager : à vues humaines, l’ampleur de la déchristianisation de notre société est telle, que tout effort pour la ré-évangéliser peut sembler impuissant. La cause peut paraître perdue d’avance. Mais cette peur vient d’un regard trop naturel, et d’une confiance excessive en soi-même. Ni présomptueux, ni pessimistes, nous devons garder en tête la victoire promise et déjà réalisée par le Christ et ne pas nous décourager, soyons persévérants!

2.La pusillanimité:

« Moi ? M’engager ? Mais... je suis trop nul, je n’y arriverai jamais ! » pourrait dire le pusillanime. Il s’agit seulement d’un manque de confiance naturel en soi-même, un mauvais jugement sur soi-même, en raison de l’éducation, du tempérament, ou de blessures du passé. Pour le pusillanime tout est trop grand, trop difficile, alors qu’il est capable. Les saints aussi se voyaient misérables, mais ils croyaient en la puissance de Dieu, qui se déploie de façon d’autant plus magnifique que les instruments sont plus faibles.

3.La fausse humilité et le respect humain (= l'orgueil):

Il arrive aussi que l’on accuse sa faiblesse par fausse humilité :
Soit parceque l’on craint de manquer d’humilité en acceptant une responsabilité, soit qu’en réalité on ait peur de l’échec et de l’humiliation. Dans le premier cas, craindre de manquer d’humilité en acceptant une
responsabilité, on oublie que l’humilité est tout-à-fait compatible avec la responsabilité, et même, que plus on est humble plus on est apte à recevoir de hautes fonctions. C’est grâce à -et non pas malgré- son humilité totale que la Vierge a mérité de devenir Mère de Dieu et Corédemptrice du genre humain.

Dans le deuxième cas, la peur de l’échec et de l’humiliation, la crainte vient de l’orgueil, que l’on appelle ici : respect humain. On aurait honte de passer pour un « dévôt » ou un donneur de leçon, si on « faisait plus » que la plupart des chrétiens tièdes. A ceux-là qui craignent d’afficher leur conviction profonde, Jésus répond : « celui qui me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu; mais celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié devant les anges de Dieu. » (Luc XXII, 8).

4.La crainte désordonnée:

Signalons enfin, parmi les difficultés qui peuvent faire obstacle à notre témoignage, celle de la peur de la persécution, morale ou physique, c’est -à-dire du martyre. La peur ultime de l’homme est en effet celle de la mort. On l’appelle crainte désordonnée quand elle conduit à agir de façon déraisonnable, par exemple à renier sa foi pour sauver sa vie. Mais nous n’en sommes peut-être pas encore là... Cependant rappelons que c'est le cas dans beaucoup de pays. N'oubliez pas la parole du Christ : « celui qui voudra sauver sa vie, la perdra; et celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera » (Mt XVI,25).

L’engagement ne va pas sans détermination. Les obstacles précédents, avant l'engagement ou pendant l'engagement, que sont la paresse, l'acédie, l'inconstance, l'antipathie, le découragement, la pusillanimité, la fausse humilité et l'orgueil, et enfin la crainte désordonnée de la mort; résident dans la partie affective de l’homme. 

Nous considérons maintenant ceux fondés dans sa partie spirituelle : ici la volonté. C’est elle qui ultimement commande l’action de l’homme, car c’est par elle que l’homme s’engage dans le bien ou le mal, librement :

1.L’indépendance, l’égoïsme et l’indifférence:

Aujourd'hui, la liberté est un concept à la fois très mal compris et très à la mode. Il est très fréquent de refuser de s’engager pour n’avoir de compte à rendre à personne, pour rester « libre », pour ne pas dépendre de la volonté d’autrui. A la différence de la paresse qui consiste à faire toujours ce que je veux, l’indépendance consiste à faire « ce que je veux ». S’engager dans un groupe, c’est accepter la règle (même implicite) de ce groupe et l’autorité nécessaire à son unité d’action et donc à la réussite triomphante de son action et de ce pour quoi, il a été fait.

2.L’indépendance est une forme d’égoïsme:

C’est un amour excessif et orgueilleux de soi-même, qui rend indifférent au bonheur du prochain, au salut des âmes. S’occuper d’autrui c’est risquer de se négliger soi-même, pense-t-on. N’oublions pas ceci : le Sacré Coeur de Jésus ne nous a pas seulement appelé à la sanctification personnelle, mais également à collaborer humblement au salut de nos frères. Nous sommes en partie responsables du Salut de l'âme de nos amis, de notre frère ou  soeur, de notre fiancé(e), epoux ou épouse...

3.La négligence:

Un défaut plus grave est la négligence : car la négligence est un manque d’amour, non seulement pour le prochain, mais également envers nous-mêmes. L’effet est le même que la paresse, dans la mesure où l’on reste inerte, sans goût, mais la cause et la gravité est bien différente. La paresse n’est pas un manque d’amour, c’est un amour du confort, du repos. Le paresseux se donne l’ordre de ne pas faire ses devoirs par un amour excessif de la tranquillité. Le négligent, lui, ne se donne aucun ordre, et donc ne fait pas non plus ses devoirs, mais par manque de volonté, quand bien même il juge bon de faire ses devoirs. Il sait ce qui est aimable et bon, mais ne passe pas à l’action d’aimer, de se mettre en mouvement pour atteindre le but.
Ainsi l’âme négligente peut former des projets d’apostolat, mais elle est incapable de se déterminer à les mettre en oeuvre. Forcez donc vos volonté!

4.Le manque de piété:

Toujours à cause de l’esprit du monde, qui infiltre le coeur des chrétiens, se perd peu à peu le sens de la piété filiale. On aime largement à recevoir, mais on ne pense pas à donner en retour. On ne sait plus rendre, chacun à sa mesure, le soin que l’on à reçu. 

Par exemple : donner sa vie pour la Patrie ; s’occuper de ses parents ou grands-parents âgés et malades plutôt que de les abandonner à une maison de santé; prendre la relève à la tête de la troupe scoute où l’on a passé peut-être cinq ou dix ans, etc...

L’engagement nécessite un jugement éclairé de la raison. On ne saurait s’investir dans quelque domaine sans un motif, une raison. Car agir librement, c’est agir en connaissance de cause. Or c’est à l’intelligence qu’il revient de connaître les causes. Par conséquent, un mauvais ou un non engagement peu avoir sa source dans l’intelligence :

1.Ne pas savoir:

Il est clair qu’on ne saurait travailler à l’édification du Royaume des Cieux dès ici-bas, si l’on en ignore la nécessité pour tout chrétien, ou encore si l’on pense en être dispensé. Certains par exemple, pourraient prétendre que la prière suffit et que l’action extérieure est inutile : « demandez et l’on vous donnera ». Ce serait se méprendre que de croire que l’apostolat et la contemplation se fassent mutuellement obstacle. « Aide toi et le Ciel t'aidera » dit le proverbe. L’apostolat doit commencer par la prière, mais la contemplation n’est pas indifférente à la mission. Ste Thérèse de Lisieux, par exemple, toute contemplative cloîtrée qu’elle était, brûlait du désir du salut des âmes. Elle aurait même voulu rejoindre un carmel de mission. Mais elle comprit comment devenir missionnaire tout en demeurant contemplative :  Elle devint ainsi « Patronne de Mission », à l’égal de Saint François-Xavier, sans avoir jamais quitté sa clôture.

Un chrétien qui vit dans le monde, en revanche, n’a pas le droit de prétendre être un « pur contemplatif », lorsqu’il ne s’est pas décidé à renoncer à tout pour suivre le Christ ; lorsqu’il doit continuer à assumer les responsabilités et les fréquentations du monde. Charles Péguy dénonçait cette hypocrisie : « De tous les mauvais usages que l’on peut faire de la prière et des sacrements, aucun n’est aussi odieux que cet abus de paresse qui consiste à ne pas travailler et à ne pas agir et ensuite, et pendant et avant, à faire intervenir la prière pour combler le manque...» Il ne donnait en ces propos qu’un développement de la célèbre exhortation de Sainte Jehanne d’Arc : « les hommes combattront, et Dieu donnera la victoire ».

2.Le mépris:

L’intelligence peut également se trouver en défaut dans sa manière de juger. Or une tentation du chrétien pratiquant pourrait être de porter un jugement de mépris sur ceux qui n’ont pas la foi, ou ne la pratique pas aussi bien qu’eux. C’est cet esprit pharisaïque si souvent dénoncé par le Christ. Saint Augustin invite à distinguer entre le pécheur et le péché : « on devra allier l’amour du prochain avec la haine des vices » (Règle, IV, 10). 
La Vierge Immaculée elle-même n’est-telle pas venue souvent dans ses apparitions nous implorer à prier
pour les pécheurs ?

Les remèdes:

1.La prière :

Il faudrait commencer par une prière authentique. Avant de se donner des résolutions que l’on ne pourra pas tenir, faute d’exercice, il faut prier pour demander le désir de se convertir vraiment. Avant tout, il faudrait commencer par une prière authentique.

2.Une (ré-)éducation :

Il faudra ensuite du temps pour apprendre ou réapprendre à faire des efforts, des sacrifices ; pour découvrir la joie de s’engager, de se donner à autrui. Le Bienheureux Charles de Foucauld s’était donné cette maxime pour éviter la paresse et la négligence : « Quand on part en disant qu’on va faire une chose il ne faut pas revenir sans l’avoir faite ». 
Mais les efforts personnels ont besoin d’être soutenus aussi par l’entourage. On ne saurait trop insister sur le rôle de l’exemple dans l’éducation et la sanctification. C’est aux éducateurs en priorité (parents, professeurs, chefs scouts, ...) de communiquer aux jeunes le courage, le sens de l’effort, du beau, du bien, de la piété et de la gratuité.

Notons par ailleurs cette remarque de la Petite Sainte de Lisieux : « Bien des âmes disent : mais je n’ai pas la force d’accomplir tel sacrifice. Qu’elles fassent donc ce que j’ai fait : un grand effort. Le bon Dieu ne refuse jamais la première grâce qui donne le courage d’agir ; après cela le coeur se fortifie et l’on va de victoire en victoire. »

3.Une vie théologale:

A bien considérer tous les obstacles énumérés, nous voyons que, finalement, le vrai problème est que notre regard et notre amour sont tournés trop sur nous-mêmes. Le remède consiste alors à ouvrir les yeux et le coeur sur Dieu : à vivre de Foi, d’Espérance et de Charité.

La foi, regard surnaturel, triomphe du naturalisme qui pousse au découragement ou au mépris ; l’espérance donne l’élan et le courage de l’effort ; mais c’est surtout la charité qui donne vie à un engagement sincère.

4.La consécration mariale:

« Le plus grand amour est dans la plus parfaite imitation. La plus parfaite imitation, c’est d’imiter parfaitement Jésus » (Bx Charles de Foucauld.)

Nul ne s’y est mieux appliqué que la Vierge Marie. D’abord accueillante et disponible, elle ne craint pas de bousculer ses projets pour ceux de Dieu ni de s’investir. La consécration de soi-même à Notre-Dame peut, si elle est bien préparée et effectivement vécue, être un engagement vraiment salutaire pour un nouveau départ. Elle n’oblige pas à d’autres exigences que les promesses du baptême Mais elle est un nouvel engagement concret de notre part à devenir de plus en plus fidèle au Christ, à le servir de mieux en mieux. Et cet acte engage aussi la Reine du Ciel à faire de nous des saints et de vrais apôtres.