jeudi 29 mai 2008

Université d'été de Renaissance Catholique

Petite biographie de Saint Malo



Vie de Saint Malo

D’après le récit d’Albert Legrand, publié en 1636.

Saint Malo est l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne. Né en Angleterre, vers l’an 497, dans le comté du Gwent, (actuel Glamorgan) au Pays de Galles, Mac’h Low est tenu sur les fonds baptismaux par le grand saint voyageur, Saint Brandan. A l’âge de 12 ans, il est envoyé au monastère de Llancarfan, dirigé par son parrain, qui prit un soin particulier à l’instruire. Remarqué pour sa grande piété, le jeune garçon se distingua par plusieurs miracles éclatants.

Etant un jour parti en promenade sur la plage avec ses condisciples, il s’éloigna de ses amis et s’endormit sur une nappe de goémon. Voyant la mer remonter, ses camarades s’en retournèrent vers le monastère, sans se préoccuper leur ami. Surpris par la marée, Malo fut emporté par les flots. Les voyant revenir sans son filleul, Saint Brandan leur demanda où il était. Il se rendit alors à sa recherche sur la plage, et l’appela durant des heures en vain. Revenant au monastère bien attristé, le grand Saint veilla toute la nuit en prière dans l’abbatiale, priant Dieu de lui indiquer ce qu’était devenu son cher filleul. C’est alors qu’un ange lui apparut, lui annonçant que l’enfant était hors de danger et qu’il avait été sauvé des flots par une île nouvelle, créée par Dieu. Se rendant le lendemain sur le rivage, Brandan aperçut cette île au milieux de la mer, sur laquelle se trouvait le jeune Malo en pleine oraison. Il l’appela alors depuis le rivage. Son jeune filleul lui demanda de pouvoir rester prier toute la journée sur ce rocher et de lui faire parvenir son bréviaire à cet effet. Brandan posa alors le bréviaire sur l’eau et celui-ci flotta miraculeusement jusqu’à l’îlot. Après cette journée d’oraison, le jeune garçon retourna sur le rivage et l’îlot disparut.

Quelques années plus tard, il prit l’habit et prononça ses vœux monastiques. Sa grande piété et l’éclat de sa sainteté éblouissaient ses condisciples, lui attirant l’admiration, mais aussi la jalousie. Ainsi, un jour que Malo avait reçu la charge d’allumer les lampes du père Abbé et des moines pour l’office de matines, quelques uns de ses confrères mal intentionnés, éteignirent toutes les braises de l’abbaye afin qu’il ne arrive en retard le lendemain et soit puni.
Malo prit alors les tisons éteints sur sa poitrine, et arrivé à la cellule de l’abbé, il la trouva déjà éclairée. Un ange s’était chargé du travail, et les tisons que le jeune moine tenait tout contre lui s’étaient rallumés sans lui faire de mal. Suite à ces miracles extraordinaires, Malo est enfin ordonné prêtre.

Puis vint le grand voyage en quête d’évangélisation, organisé par Saint Brandan.
Malo quitte alors son pays natal et s’embarque pour l’Armorique. Vers 538, il accoste dans l’îlot du saint ermite Aaron, lieu sur lequel sera plus tard fondée la ville de Saint Malo. Après quelques temps de vie retirée, Aaron lui conseille d’aller évangéliser les populations qui vivent sur la côte dans la cité d’Alet qui correspond aujourd’hui au quartier de Saint Servan. Malo y commence son intense prédication, fonde plusieurs monastères et porte dès lors le titre de père abbé avant d’être élu évêque.

Les miracles qui lui sont attribués au cours de son épiscopat ne sont pas moins nombreux que ceux recensés après sa mort. Toute sa vie fut employée à guérir des corps et à sanctifier les âmes, par ses miracles et par ses prédications. Il parcourut également le pays pour visiter les églises, guérir les malades, instruire le peuple, donner les sacrements, ordonner des prêtres et faire du bien à tous.

Malo eut à faire face à de nombreuses difficultés. Il fut mêlé à la politique de son temps, histoire semée d’assassinats. Ainsi Rethwall, gouverneur de l’usurpateur Haeloc, fit assassiner les sept des frères de ce dernier, dont le plus jeune, réfugié au logis même de saint Malo. Persécuté par Haeloc, le saint évêque est contraint à s’exiler à Saintes. Quelques temps après, le tyran devint aveugle et comprenant la cause de cette punition divine, il implore le pardon de Malo. L’évêque revint alors à Aleth et guérit le malheureux. Il vécut encore quelques années en ces lieux avant de se retirer de nouveau dans la province de la Saintonge, qui correspond aujourd’hui à la région Charente-Maritime. Il mourrut pieusement dans la ville d’Archingeay le 15 novembre de l’an 565.

A la demande du clergé d’Aleth, ses reliques sont rapatriées en Bretagne avant d’être dispersées dans de nombreuses paroisses au cours du Xème siècle en raison de la grande dévotion populaire pour ce saint. En 1144, l’évêque Jean de Châtillon transfère son siège cathédral d'Alet à l’île de Saint-Malo, fondant ainsi la ville épiscopale qui fut supprimée par les révolutionnaires en 1790. Lors du Concordat de 1801, l’ancien diocèse de Saint Malo est rattaché à celui de Rennes.

Aujourd’hui, il est fait mémoire de Saint Malo le 15 novembre.

mercredi 28 mai 2008

Vierge Puissante, Priez pour nous (Méditation du Pélerinage de Chartres 2008)


« Vierge puissante, priez pour nous. » La puissance citée dans cette invocation des litanies de la Très Sainte Vierge Marie n‘est pas celle d’un pouvoir suprême de domination, ni d’une capacité physique surhumaine. La puissance dont il est question ici introduit la vertu et de don de force. Non pas la force matérielle, mais la force de l’âme. L’Eglise Catholique, nous rappelle que les vertus morales sont les vertus qui rendent notre conduite conforme à la raison et à la foi.

On distingue parmi ces vertus morales quatre vertus que l’on appelle cardinales. Parmi celles-ci, la vertu de force, celle qui nous aide à faire le bien malgré les difficultés et les persécutions. De force, il en est également question parmi les sept dons du Saint Esprit. Le don de force nous inspire l’énergie et le courage pour observer fidèlement la Sainte Loi de Dieu et de l’Eglise, en surmontant tous les obstacles et toutes les attaques de nos ennemis. Aussi, pour mieux comprendre cette notion de force, et avant d’en aborder l’application pratique, mettons nous à l’école de la Sainte Vierge en méditant les exemples qu’elle nous a donnée à travers sa vie terrestre.

I – Marie, modèle de force.

Notre Mère du ciel a réalisé sur cette Terre un véritable pèlerinage de foi. Aussi, je vous propose de marcher à sa suite pour nous remémorer les grandes étapes de cet itinéraire.

Combien de ces obstacles et de ces attaques se sont présentées sur le chemin parcouru par Marie ? Combien d’épreuves et de douleurs à t’elle affronté ?

Sainte Vierge Marie, lorsque l’ange Gabriel, dont le nom signifie Force de Dieu, vous a confié le grand mystère de son message, vous étiez partagée entre la crainte de ne pouvoir accomplir cette suprême mission et la volonté de vous offrir tout à Dieu. C’est avec la force donnée par le Saint Esprit que vous avez accepté de devenir la Mère de Notre Seigneur.

Lorsque vous avez annoncé cette nouvelle à votre époux Joseph, vous avez aussi fait preuve de force. Vous aurait-il jugée ? Vous aurait-il répudiée ? Non. Car vous saviez que le Saint Esprit vous guidait et communiquerait à lui aussi cette divine révélation.

Dans la crèche de Bethléem, c’est encore avec force que vous avez donné naissance à votre fils Jésus Christ. Non pas la force nécessaire à surmonter les douleurs de l’enfantement, car vous avez reçu la grâce d’enfanter sans la douleur, comme vous aviez conçu sans corruption. Quelle est donc cette douleur plus importante que la douleur physique ? Bossuet nous l’explique. « Il y a deux enfantements en Marie : elle enfante Jésus Christ sans peine ; mais elle ne nous enfante pas sans douleur parce qu’elle nous enfante par la charité. »

Ô Notre Dame des Sept Douleurs, qu’il vous a fallu être forte pour les surmonter ces épreuves. Vous, la martyre du cœur.

A la présentation de votre Fils au Temple de Jérusalem, le vieux prêtre Siméon vous avait annoncé ce glaive de douleur qui transpercerait votre cœur maternel.


Puis, vint la fuite en Egypte et la disparition de votre enfant, que vous avez cherché avec inquiétude durant trois jours. Si vous aviez su alors, comment les hommes traiteraient un jour leur sauveur en le contraignant à porter l’instrument de son supplice jusqu’en haut du Mont Golgotha.

Quelle douleur ineffable vous avez ressentie à chacun des coups que le marteau du bourreau donnait sur les clous. Quel déchirement dans votre cœur de mère lorsque l’on vous a remis le corps meurtri de votre fils. Quelle souffrance lorsque l’on vous l’a enlevé pour le mettre au sépulcre. « Le Fils à pris tous les péchés. Mais la Mère a pris toutes les douleurs » disait Charles Péguy.

Cependant, malgré ces épreuves, c’est debout que vous vous teniez au pied du calvaire, portée par cette force inébranlable du Saint Esprit : « suaviter et fortiter ». La Sainte Vierge eut non seulement la vertu de force, mais aussi le don de force qui donne à la vertu d’atteindre sa parfaite perfection. Ainsi soutenue, elle a mérité, par le martyre du cœur, d’être déclarée « Reine des martyrs ».


II – La force, une vertu à mettre en pratique.

« Ayez mémoire et souvenance, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que je suis votre fils ; que vous êtes puissante et que je suis un pauvre homme, vil et faible. » Cette prière de Saint François de Sales à Marie Toute Bonne et Toute Puissante nous montre la nécessité pour l’homme d’obtenir cette transformation de l’âme qu’est le don de force.

Tout d’abord, ce don est une grâce. C’est le Saint Esprit qui nous donne cette force et cette grandeur de courage, qui nous permettent de passer au dessus de tous les biens matériels et de tous les maux de la vie présente.

Ce sont cette force et cette grandeur de courage qui nous rendent capable de surmonter toutes les difficultés qui s’opposent à notre salut. Ce don procure à notre cœur une fermeté inébranlable pour mépriser tout ce que l’on peut dire pour nous détourner de la vertu. Pour que nous ne soyons touchés, ni des flatteries, ni des menaces, ni des moqueries de nos amis et de nos ennemis.

Sans ce don, nous sommes comme un roseau, nous ne sommes que faiblesse. Mais avec lui, nous sommes revêtus d’une force divine qui nous affermit contre le manque de courage et la lâcheté au service de Dieu, contre notre propre faiblesse, contre les difficultés, les dangers ou les peines que nous pouvons rencontrer dans l’accomplissement de nos devoirs quotidiens.

Prenons l’exemple des apôtres. Avant d’avoir reçu le don de force, ils étaient lâches et timides. Dès qu’ils l’ont reçu, ils sont devenus forts, intrépides, magnanimes. Souvenons nous de celui qui tremblait à la voix d’une servante. Il ose maintenant dénoncer à tout le peuple le crime qui a été commis contre son Dieu. Souvenons nous de ces hommes qui restaient terrés par crainte des arrestations. Ils parcourent désormais les routes pour transmettre la parole divine.

Les nombreux saints à travers les siècles témoignent aussi de cette assurance donnée par le don de force. Saint François-Xavier, au milieu de milles dangers de mort, provoqués par les hommes, ou par les éléments, s’écrie : « Le remède le plus sur est de ne rien craindre, appuyé sur la confiance de Dieu ; et le mal le plus grand serait de contraindre les ennemis de Dieu en soutenant la cause de Dieu ». Ainsi, par le don de force, les saints font et souffrent tout. Entreprennent les choses les plus difficiles. S’exposent aux plus grands dangers. Surmontent les travaux les plus pénibles. Supportent les angoisses les plus terribles.

Mais moi ? Suis-je toujours conscient de mes faiblesses ?

- Quand je n’ose pas affirmer ma foi aux personnes qui m’entourent.

- Quand je rencontre la peur de m’engager et de prendre une décision importante.

- Quand je traverse des difficultés dans ma famille, mes études, mon travail.

- Quand je succombe à ce péché dans lequel je retombe si souvent.

- Quand par paresse ou par fatigue, je néglige mes devoirs de chrétien.
Ais-je déjà appelé à mon secours cet Esprit de Force capable de toutes les vertus et mis en lui toute ma confiance ?

Complétée par le don de force, la vertu de force va encore plus loin. Elle provoque une vigueur intérieure, qui, nous permet de nous élever au dessus de nous-mêmes. Qui nous rend possibles et nous facilite les choses qui paraissent impossibles. Sans ce don ajouté à la vertu, nous sommes incapables de remplir tous nos devoirs. Sans la vigueur extraordinaire donnée par le don de force, l’affaiblissement de notre volonté freine nos meilleures résolutions de prière et de mortification.

C’est ainsi que chutent les personnes que l’on croyait fermes comme des colonnes et qui ont plié comme des roseaux. Quelle faiblesse ! Quelle misère de la pauvre humanité ! Que l’apôtre avait bien raison de dire : « Que celui qui se croit ferme sur ses pieds, prenne garde de tomber ».

Reconnaissons combien nous avons nous mêmes besoin de ce don, en quelque position que nous soyons. En cette sainte journée préparons donc bien notre cœur à le recevoir.

Prière. Esprit Saint, communiquez-moi le don de force, et, malgré ma faiblesse naturelle, je pourrais dire avec Saint Paul : « Je puis tout par la grâce de celui qui me fortifie, et je vaincrai toutes les forces de l’enfer et du monde conjurés contre moi. »

Tro Breizh

Chers amis pèlerins du chapitre Saint Malo,

Chers amis,


Après ces trois jours passés ensemble sur les routes de Chartres, plusieurs d’entre vous ont manifesté le souhait d’organiser d’autres activités ensemble durant l’été. Etant placés sous la bannière de Saint Malo, l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne, c’est donc tout naturellement que nous avons pensé à marcher sur les chemins bretons.

Le Tro Breizh, littéralement, « Tour de Bretagne » est un pèlerinage ancestral que tout breton doit accomplir au moins une fois durant sa vie sous peine de le faire après sa mort à la vitesse d’une tombe par jour. Il se compose de sept étapes reliant les sept anciens évêchés de Bretagne, placés sous la protection de l’un des sept saints :

Dol de Bretagne (Saint Samson) – Vannes (Saint Patern)

Vannes (Saint Samson) – Quimper (Saint Corentin)

Quimper (Saint Corentin) – Saint Pol de Léhon (Saint Pol)

Saint Pol de Léon (Saint Pol) – Tréguier (Saint Tugdual)

Tréguier (Saint Tugdual) – Saint Brieuc (Saint Brieuc)

Saint Brieuc (Saint Brieuc) – Saint Malo (Saint Malo)

Saint Malo (Saint Malo) – Dol de Bretagne (Saint Samson)

Le Tro Breizh peut se faire dans un sens comme dans l’autre et les étapes peuvent être effectuées dans l’ordre que l’on souhaite. Chacune des étapes fait plus ou moins une centaine de kilomètres et peut être facilement parcourue à pieds en une semaine.

Pour cette année, nous vous proposons l’étape Saint Malo – Saint Brieuc d’une distance d’environ 90 Km. La distance étant relativement courte par rapport au temps prévu, nous pourrions ainsi associer le spirituel au culturel, et même à la détente (sport, plage, etc…) Cette marche permettrait aussi de mieux nous connaître et de passer un bon moment ensemble.

Les dates ne sont pas encore arrêtées, mais nous pensons pour l’instant à la dernière semaine d’Août, du 25 au 31. Il faut maintenant voir avec les disponibilités de chacun.

Afin de faciliter l’organisation de ce pèlerinage, merci de me contacter rapidement afin de me communiquer vos disponibilités et désidératas.

En vous souhaitant une bonne fin d’année scolaire et de bonnes vacances pour ceux qui ont la chance d’en avoir, soyez assurés, chers amis, de mes fraternelles salutations.

En union de prières,

Henri de Rodellec


PS : Si vous n'avez pas mon adresse E-mail, laissez une note sous ce post pour me contacter

PPS : Recrutez autour de vous.

lundi 26 mai 2008

MACARONS 2008 DU 26EME PELERINAGE

Chers amis pèlerins,



Le MACARON 2008 est enfin ARRIVÉ !!!



Pour recevoir UN macaron auto-collant 2008, ayez la gentillesse de nous



Envoyer une enveloppe mentionnant votre adresse accompagnée de TROIS TIMBRES à 0.55 € glissés dans l’enveloppe et non collés à



L’Association NOTRE DAME DE CHRÉTIENTÉ

49 avenue de Paris

78000 Versailles.



Pour les Commandes en quantités, joindre un chèque sur la base de 1 € par macaron.



Vous priant de bien vouloir nous excuser de cette arrivée tardive et en union de prières,



Le Secrétariat

Le prètre


Le pretre
envoyé par fssp1

jeudi 22 mai 2008

Tenir ses résolutions au quotidien (méditation du péleirnage de Chartres)

Un pèlerinage ou une retraite sont des occasions pour nous recentrer sur Dieu et sur le lien qui nous unit à lui. Pour beaucoup, cela leur permet de reconsidérer leur mode de vie à la lumière de l’Eglise, et ainsi de se remettre en question. Cette remise en question peut toucher plusieurs domaines, elle peut aller de « peut-être ne vais-je pas suffisamment me confesser » à « il se peut que je passe trop de temps devant mon écran de télévision », mais quelle que soit sa gravité, elle amène nécessairement à prendre des résolutions. Il ne suffit pas de se dire « je suis gros » pour maigrir, encore faut-il en prendre les moyens.
Cela pourrait sembler enfantin : après tout, il n’y a pas de problème, que des solutions ! Cependant le Diable est malin, furieux de nous voir rejoindre le droit chemin, et prêt à tout pour nous faire reprendre nos mauvaises habitudes. C’est pourquoi il nous est indispensable de monter un plan de bataille rigoureux : c’est un petit peu comme une partie d’échecs, le diable a les noirs, nous avons les blancs, et il s’agit, malgré nos pertes, d’avancer toujours jusqu’à la victoire.

Le plan de bataille pour tenir une bonne résolution peut se décliner en plusieurs points :
- la motivation des troupes
- la connaissance de l’ennemi
- les armes
- les alliés
- l’entraînement au combat
- la stratégie : attaque ou défense ?

La motivation des troupes

Il est bien beau de prendre une résolution, encore faut-il savoir pourquoi on la prend. Prenons un homme alcoolique, par exemple : il décide d’arrêter avec toute la meilleure volonté du monde, mais faute de réelle motivation, il ne peut tenir sa résolution. C’est pourquoi, lorsqu’on décide de prendre une résolution, il faut se demander « Quel but me permet-elle d’atteindre ? ». Pour répondre à cette question, il est nécessaire de se rappeler la fin et le but de la vie humaine. Le catéchisme de l’Eglise catholique nous apprend que la fin est la vie éternelle, le but est la sainteté. Cela peut sembler un peu rébarbatif, et pourtant sous ces termes effrayants de vie éternelle et de sainteté, se cache la merveille de l’amour divin. La sainteté c’est se laisser posséder par Dieu. C’est L’aimer tellement et Lui faire tellement confiance qu’on ne souhaite plus rien d’autre que vivre pour Lui. Toutes nos résolutions ont cela pour but : aimer et nous laisser posséder. C’est une bien belle motivation que de savoir que par nos résolutions, nous nous destinons à une éternité d’amour avec un Dieu toujours fidèle !!

La connaissance de l’ennemi

Pour combattre efficacement, il faut bien sûr avoir formé ses troupes, mais il faut aussi connaître son ennemi. Il est bien plus efficace d’arracher le mal à la racine que de lui enlever ses feuilles. Reprenons l’exemple de l’homme alcoolique : il bat sa femme, se met souvent en colère, et ne travaille plus. Alors au sortir du pèlerinage, il décide de devenir plus gentil, de retrouver du travail, et d’apprendre à contrôler son caractère. Résolutions qui, malheureusement, ne tiendront pas un mois. Pourquoi ? Parce qu’il dépense ses forces contre mille choses alors que la racine de son mal se trouve en une seule : l’alcoolisme. Il lui aurait suffi de prendre la résolution de ne plus boire pour décapiter en une seule fois toutes ses mauvaises conduites. C’est pourquoi une résolution est d’autant plus efficace qu’on se connaît bien : elle permet de concentrer ses efforts sur un seul ennemi et ainsi de faire chuter tous ses valets.

Les armes

Comme pour tout combat, celui-ci nécessite d’utiliser des armes. Elles sont nombreuses, mais de la même manière que l’on ne confiera pas au même soldat un famas, une dague, un lance-roquettes, un pistolet, une mitraillette, une grenade de peur qu’il ne croule sous le barda, nous n’utiliserons nous-mêmes que quelques armes bien maîtrisées. Cependant, en matière de résolution, il est indispensable d’avoir avec soi pour arme l’intelligence et la volonté. L’intelligence qui nous fait agir avec prudence et nous rend clairvoyants. La volonté qui met en application ce que lui montre l’intelligence. L’union des deux est la tempérance : l’intelligence nous montre où se trouvent les pièges de la chair, et la volonté nous les fait éviter. Il ne peut y avoir l’une sans l’autre : sans intelligence on évite les mines sans les voir, sans volonté on voit les mines et on marche sur elles.

L’entraînement

Nous avons vu que l’intelligence et la volonté étaient indispensables pour tenir de bonnes résolutions. Comme pour toute arme, il faut apprendre à s’en servir pour qu’elle soit utile. Pour cela, deux choses : l’étude pour éduquer l’intelligence, la pénitence pour éduquer la volonté. Par étude, j’entends l’étude de la parole de Dieu : l’enseignement que nous a laissé Jésus est une sorte de mode d’emploi pour atteindre la vie éternelle. En cela nous éduquons notre intelligence puisque comme pour toute chose, il s’agit d’apprendre mais aussi de comprendre. C’est cette gymnastique de l’esprit qui nous permettra de déceler tous les pièges. La pénitence, elle, est indispensable pour forger sa volonté. Du fait de sa gratuité, elle nous force à sortir de nous-même, à surpasser nos désirs terrestres pour un bien plus grand. Sainte Catherine de Sienne dit « la pénitence, c’est l’amour qui se débarrasse de tout ce qui le gêne ». Jésus nous dit également « qui est fidèle dans les petites choses sera fidèle dans les grandes ». C’est pourquoi les pénitences sont autant d’actes d’amour qui nous renforcent dans nos résolutions.

Les alliés

Vous voilà maintenant avec une superbe armée, motivée et bien entraînée. Hé bien ce n’est encore rien ! Les armées du Malin sont 20 fois plus nombreuses et infiniment plus puissantes que la vôtre. C’est pourquoi il vous faut trouver de puissants alliés, et qui de plus puissant si ce n’est la famille des anges et des saints, la Sainte Trinité et la Vierge Marie ? S’il vous revient de prendre une résolution, il revient au Ciel de vous aider à la tenir. Non pas que le Ciel soit à votre service, mais au contraire, c’est une preuve d’intelligence et d’humilité que de l’appeler à votre secours. Par cela même vous vous rapprochez de la sainteté puisqu’en réclamant de l’aide, vous vous laissez posséder par Dieu. Comment demander de l’aide ? La Vierge Marie nous le dit à Pontmain : « Priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps, mon Fils se laisse toucher ». Jésus nous le dit lui-même : « quel père à qui son fils lui demande un poisson lui donnera une pierre ? Demandez et vous recevrez ». Pour tenir nos résolutions, il nous faut beaucoup demander, en force, en persévérance, en prudence. Beaucoup demander mais aussi beaucoup recevoir : il est trop bête de n’aller communier ou se confesser une seule fois l’an alors que ces deux sacrements sont une source inépuisable de grâces ! C’est du masochisme, ça revient pour un grave blessé à refuser des soins alors que la boîte à pansements est sous son nez. Prendre une résolution, c’est aussi en prendre les moyens, et la prière et les sacrements reçus régulièrement sont in-dis-pen-sables. Sans eux, toute votre bonne volonté ne sera que coter sur jambe de bois.



La stratégie

Maintenant que vous avez réuni autour de vous armée et alliés, il vous faut choisir une stratégie de combat. A l’échelle humaine, elle peut-être l’attaque ou la défense. A l’échelle spirituelle, elle peut-être l’attaque ET la défense. En effet, face à une tentation, nous avons le choix non seulement de la repousser, mais encore d’enfoncer le Malin dans ses positions. Prenons un exemple : il est tard et vous rechignez à l’idée de dire votre prière du soir. La défense consiste à dire votre prière coûte que coûte. L’attaque consiste à dire votre prière avec lenteur, pour indiquer au Malin que non seulement vous ne céderez pas à ses avances, mais qu’en plus vous vous mettez sous la protection de Dieu et de la Vierge Marie en allant volontairement contre ses tentations. Toutes les fois où vous résistez à une tentation, vous êtes dans la défense. Toutes les fois où vous vous abandonnez à Dieu, vous êtes dans l’attaque. Et bien entendu, pour gagner du terrain sur l’ennemi, il faut savoir passer de la défense à l’attaque.

Conclusion, motivez vos troupes, renseignez-vous sur l’ennemi, entraînez-vous, faites-vous des alliés et… CHARGEZ !!!

À celle qui...


Il y a des jours où les patrons et les saints ne suffisent pas.
Alors il faut prendre son courage à deux mains.
Et s'adresser directement à celle qui est au-dessus de tout.
Être hardi. Une fois.
S'adresser hardiment à celle qui est infiniment belle.
Parce qu'aussi elle est infiniment bonne.

À celle qui intercède.
La seule qui puisse parler de l'autorité d'une mère.

S'adresser hardiment à celle qui est infiniment pure.
Parce qu'aussi elle est infiniment douce.

À celle qui est infiniment riche.
Parce qu'aussi elle est infiniment pauvre.

À celle qui est infiniment haute.
Parce qu'aussi elle est infiniment descendante.

À celle qui est infiniment grande.
Parce qu'aussi elle est infiniment petite.
Infiniment humble.
Une jeune mère.

À celle qui est infiniment jeune.
Parce qu'aussi elle est infiniment mère.

À celle qui est infiniment joyeuse.
Parce qu'aussi elle est infiniment douloureuse.

À celle qui est infiniment touchante.
Parce qu'aussi elle est infiniment touchée.

À celle qui est toute Grandeur et toute Foi.
Parce qu'aussi elle est toute Charité.

À celle qui est Marie.
Parce qu'elle est pleine de grâce.

À celle qui est pleine de grâce.
Parce qu'elle est avec nous.

À celle qui est avec nous.
Parce que le Seigneur est avec elle.

Charles Péguy

mercredi 21 mai 2008

Mère très pure, priez pour nous (méditation du pélerinage de Chartres)

Vierge Marie, le pape Pie IX vous a donné le nom d’Immaculée Conception : une bien belle appellation pour signifier que vous avez été, au premier instant de votre conception, préservée intacte de toute souillure du péché originel.

Ainsi, depuis votre naissance, le péché n’a aucune prise sur vous. Non pas que Dieu vous ait retiré la liberté de choisir entre le Bien et le Mal, ou vous ait retiré la liberté de l’aimer ou de se détourner de Lui. Mais en toute chose, vous êtes naturellement encline à choisir ce qui plait à Dieu. Vous êtes toute pure, Marie, et la notion même de péché vous est étrangère : de même que le petit enfant ne comprend pas la méchanceté, de même vous ne comprenez pas ce qui pousse les hommes vers celui-ci. Seuls vous sont manifestes les ravages que cause le Mal dans le cœur des hommes, ce Mal qui vous conduira jusqu’au pied de la Croix.
Marie, vous êtes toute pure : votre pureté n’est pas un apanage dont vous vous glorifiez, votre pureté est votre essence même. Ainsi, Saint Louis Marie Grignon De Montfort dit de vous « Dieu a fait une union de toutes les eaux qu’Il a appelé ‘’mer’’, et Il a fait une union de toutes les grâces qu’Il a appelé ‘’Marie’’. ».
Vous aviez décidé de garder votre âme et votre corps tout à Dieu. Votre confiance en Lui est telle, que par deux fois, vous vous êtes remise totalement à Lui, au risque de perdre la virginité de votre corps. La première fois, obéissant à vos parents, Sainte Anne et Saint Joachim, vous acceptez votre fiancé, malgré votre désir de rester vierge. Et Dieu, dans sa bonté, vous donne Joseph pour époux, qui respectera votre désir et le fera sien. La seconde fois, vous acceptez de devenir mère du Sauveur : votre unique question à l’ange est « comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? ». Ainsi vous placez votre virginité bien au-dessus de votre désir de maternité, parce qu’étant à Dieu corps et âme, aucun autre être ne peut vous posséder. Vous vous faites l’épouse fidèle de Dieu, et c’est de cette alliance divine que naîtra notre Sauveur. Cependant Dieu ne voulut pas que vous affrontiez seule la vie qu’Il vous avait destiné. C’est pourquoi Saint Joseph se fit votre époux, afin de vous aimer et de vous protéger, et de participer avec vous à l’éducation de l’Enfant Jésus. Qu’en aurait-il été de la pureté de votre corps si Joseph ne s’en était pas fait le garant ?

Saint Joseph, charpentier, époux de la plus belle des femmes. Combien de tentations avez-vous dû surmonter ! Et pourtant votre amour et votre admiration pour Marie étaient si grands, que vous avez sacrifié vos désirs pour devenir le gardien respectueux du corps et du cœur immaculé de votre épouse. Respectant les desseins de Dieu sur elle, vous avez accueilli Jésus comme votre fils et avez accepté de rester fidèle à votre rôle d’époux et de père. Combien Marie doit vous aimer ! Quelle admiration mutuelle devez-vous avoir, quelle confiance ! De même que Marie s’est consacrée à Dieu, de même vous vous êtes consacré à votre famille : vous n’y cherchez pas votre intérêt mais vous mettez votre bonheur dans ce qui peut faire le sien. Dieu n’a pas voulu pour Marie et Jésus un mari et un père faible et craintif. Il vous a voulu, Saint Joseph, fort, volontaire, aimant et humble, pour protéger Marie des calomnies, sauver l’Enfant Jésus du massacre des saints innocents, accepter de dire « je comprends » alors que vous ne comprenez pas. En même temps que la puissance paternelle sur Jésus, Dieu vous a aussi accordé l’amour correspondant, cet amour qui a sa source dans le Père, "de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom" .

Quelle exemplarité pour notre monde que ce couple et quelle espérance ! A une époque où l’on veut nous faire croire que seul le sexe résout tous les problèmes, Marie et Joseph sont présents pour nous rappeler la beauté sanctifiante de la pureté vécue à deux. On ne peut nier qu’actuellement rester pur d’âme et de corps relève de l’héroïsme. Pire que cela « celui qui désire une femme mariée dans son cœur commet déjà l’adultère » : le combat pour la pureté ne se limite pas à rester chaste de corps, mais aussi à rester chaste d’esprit, à résister à TOUTES les tentations aussi petites soient elles. « Qui vole un œuf vole un bœuf ». « Qui s’imagine main dans la main avec un ami s’imaginera bientôt dans son lit ». Ne laissez pas au diable l’ongle de votre petit doigt, de peur qu’il ne vous dévore tout le bras.

Ce chemin semé d’embûches est laborieux. Notre Seigneur ne nous dit pas qu’il sera facile et toujours agréable. Non. Il nous dit : « Vous avez tous une vocation au martyre. Ce ne sera plus le martyre sanglant des premiers chrétiens, ce sera le martyre de la fidélité à contre-courant. »

Cependant cette pureté n’est PAS un mythe, une chimère inaccessible. Marie et Joseph sont ce couple lumineux qui fait reculer les ténèbres pour mettre en nos cœurs des trésors de chasteté, des merveilles de candeur. N’ayons de cesse de demander à Marie de garder notre cœur tout à Dieu jusqu’au jour de notre mariage ou de notre union à Lui, afin qu’en ces jours heureux nous arrivions à l’autel avec un cœur pur. Qu’offrir de plus beau à celui ou celle qu’on aime qu’un cœur tout emprunt d’amour et de respect, vide de toute impureté ?

Mesdemoiselles. Qu’il est agréable de voir que l’on plaît aux garçons, en faisant preuve de coquetterie, dans son comportement et dans sa tenue vestimentaire. Cependant, vous êtes vous déjà demandé, quelles pensées vous pouviez inciter aux hommes par ces petites choses qui vous semblent anodines ? Ne consacrez pas votre puissance à la séduction, mais employez la pour la sanctification de leurs âmes. En toute chose appliquez-vous à imiter la Sainte Vierge Marie, et implorez son secours : faites-vous belles aux yeux de Dieu et vous serez belle aux yeux de celui qui deviendra votre mari.

Messieurs. Soyez de vrais hommes. Prenez les moyens virilement d’être des saints et de tenir bon, comme le rappelle l’abbé Grosjean. Parce que vous savez que vous êtes faibles. Lorsque vous offensez la dignité et la vocation de la femme, vous agissez contre votre propre dignité et votre vocation. Prenez donc les moyens avec force, générosité et courage, de surmonter les tentations, pour pouvoir construire quelque chose de bien plus solide et de bien plus beau. Parce que celle qui deviendra la mère de vos enfants, il faut que vous puissiez la mériter.

La pureté se vit à deux. Hommes et femmes, nous avons nos faiblesses nous devons nous entraider à rester purs et chastes dans nos pensées, nos paroles et nos actes et à toujours rester disponible pour Dieu. Dans le monde qui nous entoure, c’est un combat héroïque. Soyons donc ces héros, ces valeureux combattants de la pureté et de la chasteté, guidés par Saint Joseph et par la très Sainte Vierge Marie.

Etre chef

Si tu veux être chef un jour,
Pense à ceux qui te seront confiés,
Si tu ralentis, ils s'arrêtent.
Si tu faiblis, ils flanchent.
Si tu t'assieds, ils se couchent.
Si tu critiques, ils démolissent.

Mais… si tu marches devant, ils te dépasseront.
Si tu donnes la main, ils donneront leur peau.
Et si tu pries, alors, ils seront des saints.

Prière de Charles de Foucauld

vendredi 16 mai 2008

Discours du Saint Père pour l'anniversaire de l'encyclique humanae vitae



"Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,

chers frères et sœurs,


C'est avec un plaisir particulier que je vous accueille au terme de vos travaux pendant lesquels vous vous êtes engagés à réfléchir sur un problème ancien et toujours nouveau tel que la responsabilité et le respect pour l'apparition de la vie humaine. Je salue en particulier Mgr Rino Fisichella, recteur magnifique de l'Université pontificale du Latran, qui a organisé ce Congrès international et je le remercie des paroles de salut qu'il a bien voulu m'adresser. Mon salut s'étend ensuite aux illustres relateurs, enseignants et à tous les participants, qui ont enrichi par leur contribution ces journées de travail intense. Votre contribution s'insère de manière efficace dans la plus vaste production qui, au cours des décennies, s'est développée sur ce thème si controversé et, toutefois, si décisif pour l'avenir de l'humanité.


Dans la Constitution Gaudium et spes, le Concile Vatican II s'adressait déjà aux hommes de science en les invitant à unir leurs efforts pour atteindre une unité du savoir et une certitude consolidée à propos des conditions qui peuvent favoriser une « saine régulation de la procréation humaine » (GS, n. 52). Mon prédécesseur de vénérée mémoire, le serviteur de Dieu Paul VI, le 25 juillet 1968, publiait la Lettre encyclique Humanae vitae. Ce document devint rapidement un signe de contradiction. Elaboré à la lumière d'une décision difficile, il constitue un geste significatif de courage en réaffirmant la continuité de la doctrine et de la tradition de l'Eglise. Ce texte, souvent mal compris et sujet à des équivoques, fit beaucoup discuter, également parce qu'il se situait à l'aube d'une profonde contestation qui marqua la vie de générations entières.


Quarante ans après sa publication, cet enseignement manifeste non seulement sa vérité de façon immuable, mais il révèle également la clairvoyance avec laquelle le problème fut affronté. De fait, l'amour conjugal fut décrit au sein d'un processus global qui ne s'arrête pas à la division entre l'âme et le corps et ne dépend pas du seul sentiment, souvent fugace et précaire, mais qui prend en charge l'unité de la personne et le partage total des époux qui, dans l'accueil réciproque, s'offrent eux-mêmes dans une promesse d'amour fidèle et exclusif qui naît d'un authentique choix de liberté. Comment un tel amour pourrait-il rester fermé au don de la vie ? La vie est toujours un don inestimable ; chaque fois que l'on assiste à son apparition nous percevons la puissance de l'action créatrice de Dieu qui a confiance en l'homme et, de cette manière, l'appelle à construire l'avenir avec la force de l'espérance.


Le magistère de l'Eglise ne peut pas s'exempter de réfléchir de manière toujours nouvelle et approfondie sur les principes fondamentaux qui concernent le mariage et la procréation. Ce qui était vrai hier, reste également vrai aujourd'hui. La vérité exprimée dans Humanae vitae ne change pas ; au contraire, précisément à la lumière des nouvelles découvertes scientifiques, son enseignement se fait plus actuel et incite à réfléchir sur la valeur intrinsèque qu'il possède. La parole clef pour entrer avec cohérence dans ses contenus demeure celle de l'amour. Comme je l'ai écrit dans ma première Encyclique Deus caritas est: « L'homme devient vraiment lui-même, quand le corps et l'âme se trouvent dans une profonde unité [...] Mais ce ne sont ni seulement l'esprit ou le corps qui aiment : c'est l'homme, la personne, qui aime comme créature unifiée, dont font partie le corps et l'âme » (n. 5). En l'absence de cette unité, la valeur de la personne se perd et l'on tombe dans le grave danger de considérer le corps comme un objet que l'on peut acheter ou vendre (cf. ibid.). Dans une culture soumise à la domination de l'avoir sur l'être, la vie humaine risque de perdre sa valeur. Si l'exercice de la sexualité se transforme en une drogue qui veut assujettir le conjoint à ses propres désirs et intérêts, sans respecter les temps de la personne aimée, alors ce que l'on doit défendre n'est plus seulement le véritable concept d'amour, mais en premier lieu la dignité de la personne elle-même. En tant que croyants nous ne pourrons jamais permettre que la domination de la technique puisse invalider la qualité de l'amour et le caractère sacré de la vie.


Ce n'est pas un hasard si Jésus, en parlant de l'amour humain, fait référence à ce qui est accompli par Dieu au début de la création (cf. Mt 19, 4-6). Son enseignement renvoie à l'acte gratuit avec lequel le Créateur a voulu non seulement exprimer la richesse de son amour, qui s'ouvre en se donnant à tous, mais également définir un paradigme en fonction duquel doit se décliner l'action de l'humanité. Dans la fécondité de l'amour conjugal, l'homme et la femme participent à l'acte créateur du Père et rendent évident qu'à l'origine de leur vie conjugale il y a un « oui » authentique qui est prononcé et réellement vécu dans la réciprocité, en restant toujours ouvert à la vie. Cette parole du Seigneur reste immuable avec sa profonde vérité et ne peut pas être effacée par les différentes théories qui, au fil des années, se sont succédé et parfois même contredites entre elles. La loi naturelle, qui est à la base de la reconnaissance de la véritable égalité entre les personnes et les peuples, mérite d'être reconnue comme la source de laquelle doit également s'inspirer la relation entre les époux dans leur responsabilité d'engendrer de nouveaux enfants. La transmission de la vie est inscrite dans la nature et ses lois demeurent comme une norme non écrite à laquelle tous doivent se référer. Toute tentative de détourner le regard de ce principe reste elle-même stérile et ne produit pas de fruit.


Il est urgent que nous redécouvrions une alliance qui a toujours été féconde, lorsqu'elle a été respectée ; celle-ci voit au premier plan la raison et l'amour. Un maître perspicace comme Guillaume de Saint-Thierry pouvait écrire des paroles que nous ressentons également profondément valables pour notre époque : « Si la raison instruit l'amour et l'amour illumine la raison, si la raison se convertit en amour et l'amour consent à se laisser retenir entre les limites de la raison, alors ceux-ci peuvent accomplir quelque chose de grand » (Nature et grandeur de l'amour, n. 21, 8). Quel est ce « quelque chose de grand » auquel nous pouvons assister ? C'est l'apparition de la responsabilité à l'égard de la vie, qui rend fécond le don que chacun fait de soi à l'autre. C'est le fruit d'un amour qui sait penser et choisir en pleine liberté, sans se laisser conditionner outre mesure par l'éventuel sacrifice demandé. C'est de là que naît le miracle de la vie dont les parents font l'expérience en eux-mêmes, en ressentant comme quelque chose d'extraordinaire ce qui s'accomplit en eux et à travers eux. Aucune technique mécanique ne peut remplacer l'acte d'amour que deux époux s'échangent comme signe d'un mystère plus grand qui les voit les acteurs et les co-participants de la création.


On assiste hélas toujours plus souvent à de tristes événements qui impliquent des adolescents, dont les réactions manifestent une connaissance incorrecte du mystère de la vie et des implications risquées de leurs gestes. L'urgence de la formation, à laquelle je fais souvent référence, voit dans le thème de la vie l'un de ses thèmes privilégiés. Je souhaite vraiment que l'on réserve notamment aux jeunes une attention toute particulière, afin qu'ils puissent apprendre le véritable sens de l'amour et se préparent pour cela avec une éducation adaptée à la sexualité, sans se laisser distraire par des messages éphémères qui empêchent d'atteindre l'essence de la vérité qui est en jeu. Fournir de fausses illusions dans le domaine de l'amour ou tromper sur les responsabilités authentiques que l'on est appelé à assumer avec l'exercice de la propre sexualité ne fait pas honneur à une société qui se réclame des principes de la liberté et de la démocratie. La liberté doit se conjuguer avec la vérité et la responsabilité avec la force du dévouement à l'autre et également avec le sacrifice ; sans ces composantes la communauté des hommes ne grandit pas et le risque de se refermer dans un cercle d'égoïsme asphyxiant demeure.


L'enseignement exprimé par l'Encyclique Humanae vitae n'est pas facile. Toutefois, il est conforme à la structure fondamentale avec laquelle la vie a toujours été transmise dès la création du monde, dans le respect de la nature et conformément à ses exigences. Le respect pour la vie humaine et la sauvegarde de la dignité de la personne nous imposent de ne rien laisser d'intenté pour qu'à tous puisse être communiquée l'authentique vérité de l'amour conjugal responsable dans une pleine adhésion à la loi inscrite dans le cœur de chaque personne. Avec ces sentiments, je vous donne à tous ma Bénédiction apostolique."



Source

jeudi 15 mai 2008

Homélie du lundi de Pentecôte

Chartres 12 mai 2008
Homélie du lundi de Pentecôte, par le P.Louis-Marie de Blignières en conclusion du 26e pèlerinage :
« Chez nous, soyez Reine » - Prudence, Justice, Force et tempérance

Monseigneur, mes chers amis,

Au terme de notre marche, consacrée à la méditation des vertus, voici que l’Immaculée nous apparaît : elle est la Mère qui donne la vie, la Femme qui répand la douceur, l’Enfant qui ranime l’espérance.

I. L’Immaculée donne la vie, parce qu’elle est Mère. Si la Mère de Dieu a été préservée, dès sa conception, de toute atteinte du péché, c’est pour être le canal translucide de la naissance de Dieu en ce monde : Marie est Immaculée, parce qu’elle est la femme revêtue du Soleil de justice (cf. Ap 12, 1), qui est le Christ, elle est toute entière relative au Christ, elle nous renvoie sans cesse à lui, elle forme en nous ses vertus. Marie est l’icône incandescente de la vie morale, elle lui donne son vrai sens : être le rayonnement du mystère du Christ en nous ! C’est elle qui nous revêt du Christ par sa médiation maternelle. Or le Christ, l’Homme-Dieu, est le seul qui puisse nous faire vivre de la vraie justice, qui est le droit des autres, reconnu et respecté par nos devoirs. En une époque marquée par un égocentricisme souvent délirant, le Christ nous donne la clé de la vie sociale : « fais à autrui ce que tu désires qu’il te fasse » (cf. Mt 7, 12). Et cette attention à l’autre, qui suppose le renoncement, voire l’héroïsme, n’est cependant pas une frustration, mais un épanouissement : car le droit fondamental de chacun n’est pas une déclaration abstraite, mais un devoir, attaché à la possibilité concrète de respecter autrui et de faire grandir son humanité. Eh bien, l’Immaculée, qui est Mère, donc source et protectrice de vie, diffuse « le climat de la grâce » (Péguy), où le devoir est accompli de façon heureuse et vivante, comme un exercice de piété filiale. Marie a porté Dieu-Enfant en son sein (Notre Dame de Guadalupe nous y renvoie), Marie a assisté avec Jésus les derniers instants de saint Joseph (la vision de la Sainte Famille à Fatima nous le rappelle), Marie enfin a offert au Père la mort de son Fils : l’Immaculée a ainsi fait du respect de la vie, de sa conception à sa fin naturelle, l’élément fondamental de toute existence épanouie, ouverte sur sa finalité qui est Dieu. Aussi nous invite-t-elle, au-delà de l’égoïsme institutionnalisé qui enferme l’homme dans l’amertume d’une revendication permanente, a bâtir une Cité de la piété filiale, où nous aiderons toutes les mères à recevoir le miracle de la vie comme une nouvelle aventure de l’histoire du Christ total ; où nous accompagnerons toutes les souffrances des fins de vie, comme rayonnantes pour le salut de tous, en union avec la Passion de Jésus.

II. L’Immaculée répand la douceur, parce qu’elle est Vierge et Epouse. Elle est la femme éternelle : « C’est par Marie que le mystère métaphysique de la femme se dévoile. Le dogme de l’Immaculée conception plonge dans la splendeur de l’aurore de la création » (Gertrud von Le Fort). L’Immaculée est celle qui met de « l’ordre dans l’amour ». L’amour entre les hommes, à cause du péché, est menacé par la domination et la concupiscence. L’Immaculée structure l’amour humain dans la force et la tempérance, elle le met dans l’ordre : reposant dans l’amour de Dieu, animé par la charité du Christ reçue dans l’Esprit, ordonné aux joies éternelles. L’Immaculée est Vierge, c’est-à-dire femme passionnée de l’amour de son Créateur, à tel point qu’il est la source vive de toutes ses autres dilections ; elle est Epouse du Saint-Esprit, qui la transforme dans l’esprit des Béatitudes du Christ, condensé dans le Magnificat ; enfin elle est épouse de saint Joseph, et elle place ce bel amour humain dans le nimbe de la douceur divine. En un temps flétri par la violence et la sexualité désordonnée, où les pornocrates dégradent la femme en objet de consommation, nos cœurs ont la nostalgie de la pudeur, de l’onction, de la douceur féminines. La femme doit être par sa distinction, par sa réserve, par sa beauté sans séduction, la « sentinelle de l’invisible » (Jean-Paul II), afin que l’homme puisse – soutenu par sa compagne – être le soldat des combats de ce monde visible. Eh bien, l’Immaculée, la Vierge-Epouse, nous aidera à reconstruire une Cité du respect de la femme. « C’est le catholicisme qui a énoncé sur la femme les propositions les plus fortes qui aient jamais été prononcées » (Gertrud von Le Fort). Loin du modèle repoussant de l’érotisme des sociétés occidentales, loin de la dégradation révoltante de la condition de la femme en islam, l’Immaculée fera refleurir la discrétion, les modes et le langage qui sont ceux de mères, d’épouses et de sœurs chrétiennes, conscientes de leur immense influence sur leurs compagnons masculins. L’Immaculée nous donnera de vivre les combats du courage et de la belle chasteté, dans une courtoisie qui est fleur de charité, et dans le charme d’une douceur qui vient d’un autre monde.

III. L’Immaculée ranime l’espérance, car elle est l’Enfant par excellence. Elle celle dont tout l’être, dès le premier instant de la conception, est un don de grâce. Au moment même où elle est créée, le baiser du Verbe éternel la touche si intimement qu’elle est rachetée « d’une façon plus admirable encore » (Bx Pie IX) : elle est d’un seul coup pleinement réussie, tant dans l’ordre de la nature que dans celui de la grâce, elle est bellement et simplement enfant de Dieu. Elle est celle qui sort en riant, comme une aurore tout de suite brillante, des mains du Créateur, celle qui charme son cœur, telle une enfant gracieuse qui réjouit ses parents. C’est pourquoi elle nous rafraîchit dans l’espérance, comme le font tous les enfants. Le simple fait de la regarder, ou plutôt de nous laisser regarder par elle, nous rassérène et nous dynamise. « Le regard de la Vierge est le seul regard vraiment enfantin, le seul regard d’enfant qui se soit levé sur notre honte et notre malheur », nous dit Bernanos. Et ce regard transmet, de façon appropriée à notre timidité, le pardon du Christ, il fait refleurir en nous la petite sœur espérance : « Ce regard est celui de la tendre compassion, de la surprise douloureuse, d’on ne sait quel sentiment encore, inconcevable, inexprimable, qui la fait plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue et, bien que Mère par la grâce, Mère des grâces, la cadette du genre humain. » Nous sentir regardés par elle, qui est totalement, comme personne créée, de notre côté, cela infuse en nous la certitude d’être aimés, tels des enfants blessés, du Dieu dont elle est l’Enfant toute innocente. Ce regard enfantin se porte sur tout être humain, si handicapé, si douloureux et contradictoire qu’il soit. Il nous rappelle la dignité incommensurable de la personne humaine, dont la nature a été créée à l’image de son Fils, et qui est personnellement appelée à l’Alliance éternelle. Quelles que soient ses misères, l’homme a une certitude épanouissante, transmise par le beau regard d’une Enfant : il est aimé d’un mystérieux amour, éternel comme Dieu, et fidèle comme le Christ. En un temps de relativisme, de fausse prudence, de domination matérialiste de l’argent, quel trésor à communiquer à tous que cette certitude ! L’Immaculée nous aidera, par delà les tristes cités de la désespérance, bornées par l’injustice, l’absurde et la mort, à construire, comme lieu de l’amitié politique et de la prudence qui conduit vers le Ciel, une Cité de l’admiration. Une société, non plus obnubilée par la construction utopique du « meilleur des mondes », mais responsable du prochain concret, et ouverte sur l’éternel. Une cité attentive à s’étonner, à remercier, à combattre certes le mystère d’iniquité, mais en s’extasiant d’abord du mystère de bonté, dont l’Immaculée est le reflet le plus pur. Une cité, non plus affairée autour du seul rendement matériel et de l’efficacité à tout prix, mais qui prend son temps pour la vie de l’esprit, pour l’art, et pour l’étonnement (car une société où plus rien n’étonne serait le parvis de l’enfer). Une cité qui sait que le réel est plus grand que nous, et qui fait de la recherche du vrai le premier des droits, en respectant les cheminements de chacun et le mystère des libertés. Une cité de l’espérance, où l’enfant et le jeune sont heureux, parce que, au lieu de se voir enfermés dans leur narcissisme, ils aperçoivent un but qui les dépasse : aimés sans être adulés, ils sont encouragés et sanctionnés, et reçoivent les repères de la loi naturelle et de la loi du Christ, conditions de leur liberté. Une cité de l’admiration est une cité où l’éducation est la première charité, car elle prépare des « amants de la beauté spirituelle » (S. Augustin), à l’image de Celle qui gardait sans cesse, au milieu des plus humbles tâches, le regard de son cœur sur la Beauté souffrante et transfigurée du Christ (cf. Lc 2, 19 et 51).

Conclusion. Mes chers amis, l’Immaculée, notre vie, notre douceur et notre espérance, nous demande d’être les apôtres des vertus qu’elle met sous nos yeux de façon si enthousiasmante. Après ces trois jours si riches, que faire ? Si ce n’est donner aux autres la joie de ce trésor ! La chrétienté est précisément une Cité de la piété filiale, du respect de la femme et de l’admiration, dont l’Immaculée nous révèle la splendeur et le rayonnement apostolique. L’Immaculée nous a donné à Fatima un grand moyen pour faire rayonner sur les autres le bonheur de connaître le Christ, et ainsi obtenir la conversion de nos nations et la paix : c’est la communion réparatrice des cinq premiers samedis du mois. Une croisade de pèlerins sanctifiant les premiers samedis, en l’honneur du Cœur immaculé, s’associant massivement aux Rosaires pour la vie dans nos Cathédrales, en accord avec les pasteurs, produira des fruits immenses de sainteté. Pourquoi négliger ce pacifique moyen, qui serait aussi un puissant témoignage d’unité spirituelle de tous ceux qui – dans la communion de l’Eglise – sont attachés aux pédagogies traditionnelles de la foi ? Amis pèlerins, en ce cent-cinquantième anniversaire de Lourdes, l’heure est favorable ! Le monde fatigué, issu des fausses Lumières, se fissure, et ne diffuse plus qu’impuissance à aimer et angoisse de l’âme. Ceux qui gémissent sous la dictature du relativisme, sous la tyrannie de l’hédonisme, ou sous le joug mental de l’islam, attendent que vous les meniez, par la grâce de la communion réparatrice, à l’Immaculée. Pour eux aussi, la tristesse du vieux monde doit s’effacer devant la joie de l’Immaculée, notre vie, notre douceur et notre espérance.

fr. Louis-Marie de Blignières

mercredi 14 mai 2008

Photos du pélé

J'ai mis les premières photos en ligne (cf colonne de droite)... à vous de m'envoyer la suite...