mercredi 28 mai 2008

Vierge Puissante, Priez pour nous (Méditation du Pélerinage de Chartres 2008)


« Vierge puissante, priez pour nous. » La puissance citée dans cette invocation des litanies de la Très Sainte Vierge Marie n‘est pas celle d’un pouvoir suprême de domination, ni d’une capacité physique surhumaine. La puissance dont il est question ici introduit la vertu et de don de force. Non pas la force matérielle, mais la force de l’âme. L’Eglise Catholique, nous rappelle que les vertus morales sont les vertus qui rendent notre conduite conforme à la raison et à la foi.

On distingue parmi ces vertus morales quatre vertus que l’on appelle cardinales. Parmi celles-ci, la vertu de force, celle qui nous aide à faire le bien malgré les difficultés et les persécutions. De force, il en est également question parmi les sept dons du Saint Esprit. Le don de force nous inspire l’énergie et le courage pour observer fidèlement la Sainte Loi de Dieu et de l’Eglise, en surmontant tous les obstacles et toutes les attaques de nos ennemis. Aussi, pour mieux comprendre cette notion de force, et avant d’en aborder l’application pratique, mettons nous à l’école de la Sainte Vierge en méditant les exemples qu’elle nous a donnée à travers sa vie terrestre.

I – Marie, modèle de force.

Notre Mère du ciel a réalisé sur cette Terre un véritable pèlerinage de foi. Aussi, je vous propose de marcher à sa suite pour nous remémorer les grandes étapes de cet itinéraire.

Combien de ces obstacles et de ces attaques se sont présentées sur le chemin parcouru par Marie ? Combien d’épreuves et de douleurs à t’elle affronté ?

Sainte Vierge Marie, lorsque l’ange Gabriel, dont le nom signifie Force de Dieu, vous a confié le grand mystère de son message, vous étiez partagée entre la crainte de ne pouvoir accomplir cette suprême mission et la volonté de vous offrir tout à Dieu. C’est avec la force donnée par le Saint Esprit que vous avez accepté de devenir la Mère de Notre Seigneur.

Lorsque vous avez annoncé cette nouvelle à votre époux Joseph, vous avez aussi fait preuve de force. Vous aurait-il jugée ? Vous aurait-il répudiée ? Non. Car vous saviez que le Saint Esprit vous guidait et communiquerait à lui aussi cette divine révélation.

Dans la crèche de Bethléem, c’est encore avec force que vous avez donné naissance à votre fils Jésus Christ. Non pas la force nécessaire à surmonter les douleurs de l’enfantement, car vous avez reçu la grâce d’enfanter sans la douleur, comme vous aviez conçu sans corruption. Quelle est donc cette douleur plus importante que la douleur physique ? Bossuet nous l’explique. « Il y a deux enfantements en Marie : elle enfante Jésus Christ sans peine ; mais elle ne nous enfante pas sans douleur parce qu’elle nous enfante par la charité. »

Ô Notre Dame des Sept Douleurs, qu’il vous a fallu être forte pour les surmonter ces épreuves. Vous, la martyre du cœur.

A la présentation de votre Fils au Temple de Jérusalem, le vieux prêtre Siméon vous avait annoncé ce glaive de douleur qui transpercerait votre cœur maternel.


Puis, vint la fuite en Egypte et la disparition de votre enfant, que vous avez cherché avec inquiétude durant trois jours. Si vous aviez su alors, comment les hommes traiteraient un jour leur sauveur en le contraignant à porter l’instrument de son supplice jusqu’en haut du Mont Golgotha.

Quelle douleur ineffable vous avez ressentie à chacun des coups que le marteau du bourreau donnait sur les clous. Quel déchirement dans votre cœur de mère lorsque l’on vous a remis le corps meurtri de votre fils. Quelle souffrance lorsque l’on vous l’a enlevé pour le mettre au sépulcre. « Le Fils à pris tous les péchés. Mais la Mère a pris toutes les douleurs » disait Charles Péguy.

Cependant, malgré ces épreuves, c’est debout que vous vous teniez au pied du calvaire, portée par cette force inébranlable du Saint Esprit : « suaviter et fortiter ». La Sainte Vierge eut non seulement la vertu de force, mais aussi le don de force qui donne à la vertu d’atteindre sa parfaite perfection. Ainsi soutenue, elle a mérité, par le martyre du cœur, d’être déclarée « Reine des martyrs ».


II – La force, une vertu à mettre en pratique.

« Ayez mémoire et souvenance, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que je suis votre fils ; que vous êtes puissante et que je suis un pauvre homme, vil et faible. » Cette prière de Saint François de Sales à Marie Toute Bonne et Toute Puissante nous montre la nécessité pour l’homme d’obtenir cette transformation de l’âme qu’est le don de force.

Tout d’abord, ce don est une grâce. C’est le Saint Esprit qui nous donne cette force et cette grandeur de courage, qui nous permettent de passer au dessus de tous les biens matériels et de tous les maux de la vie présente.

Ce sont cette force et cette grandeur de courage qui nous rendent capable de surmonter toutes les difficultés qui s’opposent à notre salut. Ce don procure à notre cœur une fermeté inébranlable pour mépriser tout ce que l’on peut dire pour nous détourner de la vertu. Pour que nous ne soyons touchés, ni des flatteries, ni des menaces, ni des moqueries de nos amis et de nos ennemis.

Sans ce don, nous sommes comme un roseau, nous ne sommes que faiblesse. Mais avec lui, nous sommes revêtus d’une force divine qui nous affermit contre le manque de courage et la lâcheté au service de Dieu, contre notre propre faiblesse, contre les difficultés, les dangers ou les peines que nous pouvons rencontrer dans l’accomplissement de nos devoirs quotidiens.

Prenons l’exemple des apôtres. Avant d’avoir reçu le don de force, ils étaient lâches et timides. Dès qu’ils l’ont reçu, ils sont devenus forts, intrépides, magnanimes. Souvenons nous de celui qui tremblait à la voix d’une servante. Il ose maintenant dénoncer à tout le peuple le crime qui a été commis contre son Dieu. Souvenons nous de ces hommes qui restaient terrés par crainte des arrestations. Ils parcourent désormais les routes pour transmettre la parole divine.

Les nombreux saints à travers les siècles témoignent aussi de cette assurance donnée par le don de force. Saint François-Xavier, au milieu de milles dangers de mort, provoqués par les hommes, ou par les éléments, s’écrie : « Le remède le plus sur est de ne rien craindre, appuyé sur la confiance de Dieu ; et le mal le plus grand serait de contraindre les ennemis de Dieu en soutenant la cause de Dieu ». Ainsi, par le don de force, les saints font et souffrent tout. Entreprennent les choses les plus difficiles. S’exposent aux plus grands dangers. Surmontent les travaux les plus pénibles. Supportent les angoisses les plus terribles.

Mais moi ? Suis-je toujours conscient de mes faiblesses ?

- Quand je n’ose pas affirmer ma foi aux personnes qui m’entourent.

- Quand je rencontre la peur de m’engager et de prendre une décision importante.

- Quand je traverse des difficultés dans ma famille, mes études, mon travail.

- Quand je succombe à ce péché dans lequel je retombe si souvent.

- Quand par paresse ou par fatigue, je néglige mes devoirs de chrétien.
Ais-je déjà appelé à mon secours cet Esprit de Force capable de toutes les vertus et mis en lui toute ma confiance ?

Complétée par le don de force, la vertu de force va encore plus loin. Elle provoque une vigueur intérieure, qui, nous permet de nous élever au dessus de nous-mêmes. Qui nous rend possibles et nous facilite les choses qui paraissent impossibles. Sans ce don ajouté à la vertu, nous sommes incapables de remplir tous nos devoirs. Sans la vigueur extraordinaire donnée par le don de force, l’affaiblissement de notre volonté freine nos meilleures résolutions de prière et de mortification.

C’est ainsi que chutent les personnes que l’on croyait fermes comme des colonnes et qui ont plié comme des roseaux. Quelle faiblesse ! Quelle misère de la pauvre humanité ! Que l’apôtre avait bien raison de dire : « Que celui qui se croit ferme sur ses pieds, prenne garde de tomber ».

Reconnaissons combien nous avons nous mêmes besoin de ce don, en quelque position que nous soyons. En cette sainte journée préparons donc bien notre cœur à le recevoir.

Prière. Esprit Saint, communiquez-moi le don de force, et, malgré ma faiblesse naturelle, je pourrais dire avec Saint Paul : « Je puis tout par la grâce de celui qui me fortifie, et je vaincrai toutes les forces de l’enfer et du monde conjurés contre moi. »

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