jeudi 22 mai 2008

Tenir ses résolutions au quotidien (méditation du péleirnage de Chartres)

Un pèlerinage ou une retraite sont des occasions pour nous recentrer sur Dieu et sur le lien qui nous unit à lui. Pour beaucoup, cela leur permet de reconsidérer leur mode de vie à la lumière de l’Eglise, et ainsi de se remettre en question. Cette remise en question peut toucher plusieurs domaines, elle peut aller de « peut-être ne vais-je pas suffisamment me confesser » à « il se peut que je passe trop de temps devant mon écran de télévision », mais quelle que soit sa gravité, elle amène nécessairement à prendre des résolutions. Il ne suffit pas de se dire « je suis gros » pour maigrir, encore faut-il en prendre les moyens.
Cela pourrait sembler enfantin : après tout, il n’y a pas de problème, que des solutions ! Cependant le Diable est malin, furieux de nous voir rejoindre le droit chemin, et prêt à tout pour nous faire reprendre nos mauvaises habitudes. C’est pourquoi il nous est indispensable de monter un plan de bataille rigoureux : c’est un petit peu comme une partie d’échecs, le diable a les noirs, nous avons les blancs, et il s’agit, malgré nos pertes, d’avancer toujours jusqu’à la victoire.

Le plan de bataille pour tenir une bonne résolution peut se décliner en plusieurs points :
- la motivation des troupes
- la connaissance de l’ennemi
- les armes
- les alliés
- l’entraînement au combat
- la stratégie : attaque ou défense ?

La motivation des troupes

Il est bien beau de prendre une résolution, encore faut-il savoir pourquoi on la prend. Prenons un homme alcoolique, par exemple : il décide d’arrêter avec toute la meilleure volonté du monde, mais faute de réelle motivation, il ne peut tenir sa résolution. C’est pourquoi, lorsqu’on décide de prendre une résolution, il faut se demander « Quel but me permet-elle d’atteindre ? ». Pour répondre à cette question, il est nécessaire de se rappeler la fin et le but de la vie humaine. Le catéchisme de l’Eglise catholique nous apprend que la fin est la vie éternelle, le but est la sainteté. Cela peut sembler un peu rébarbatif, et pourtant sous ces termes effrayants de vie éternelle et de sainteté, se cache la merveille de l’amour divin. La sainteté c’est se laisser posséder par Dieu. C’est L’aimer tellement et Lui faire tellement confiance qu’on ne souhaite plus rien d’autre que vivre pour Lui. Toutes nos résolutions ont cela pour but : aimer et nous laisser posséder. C’est une bien belle motivation que de savoir que par nos résolutions, nous nous destinons à une éternité d’amour avec un Dieu toujours fidèle !!

La connaissance de l’ennemi

Pour combattre efficacement, il faut bien sûr avoir formé ses troupes, mais il faut aussi connaître son ennemi. Il est bien plus efficace d’arracher le mal à la racine que de lui enlever ses feuilles. Reprenons l’exemple de l’homme alcoolique : il bat sa femme, se met souvent en colère, et ne travaille plus. Alors au sortir du pèlerinage, il décide de devenir plus gentil, de retrouver du travail, et d’apprendre à contrôler son caractère. Résolutions qui, malheureusement, ne tiendront pas un mois. Pourquoi ? Parce qu’il dépense ses forces contre mille choses alors que la racine de son mal se trouve en une seule : l’alcoolisme. Il lui aurait suffi de prendre la résolution de ne plus boire pour décapiter en une seule fois toutes ses mauvaises conduites. C’est pourquoi une résolution est d’autant plus efficace qu’on se connaît bien : elle permet de concentrer ses efforts sur un seul ennemi et ainsi de faire chuter tous ses valets.

Les armes

Comme pour tout combat, celui-ci nécessite d’utiliser des armes. Elles sont nombreuses, mais de la même manière que l’on ne confiera pas au même soldat un famas, une dague, un lance-roquettes, un pistolet, une mitraillette, une grenade de peur qu’il ne croule sous le barda, nous n’utiliserons nous-mêmes que quelques armes bien maîtrisées. Cependant, en matière de résolution, il est indispensable d’avoir avec soi pour arme l’intelligence et la volonté. L’intelligence qui nous fait agir avec prudence et nous rend clairvoyants. La volonté qui met en application ce que lui montre l’intelligence. L’union des deux est la tempérance : l’intelligence nous montre où se trouvent les pièges de la chair, et la volonté nous les fait éviter. Il ne peut y avoir l’une sans l’autre : sans intelligence on évite les mines sans les voir, sans volonté on voit les mines et on marche sur elles.

L’entraînement

Nous avons vu que l’intelligence et la volonté étaient indispensables pour tenir de bonnes résolutions. Comme pour toute arme, il faut apprendre à s’en servir pour qu’elle soit utile. Pour cela, deux choses : l’étude pour éduquer l’intelligence, la pénitence pour éduquer la volonté. Par étude, j’entends l’étude de la parole de Dieu : l’enseignement que nous a laissé Jésus est une sorte de mode d’emploi pour atteindre la vie éternelle. En cela nous éduquons notre intelligence puisque comme pour toute chose, il s’agit d’apprendre mais aussi de comprendre. C’est cette gymnastique de l’esprit qui nous permettra de déceler tous les pièges. La pénitence, elle, est indispensable pour forger sa volonté. Du fait de sa gratuité, elle nous force à sortir de nous-même, à surpasser nos désirs terrestres pour un bien plus grand. Sainte Catherine de Sienne dit « la pénitence, c’est l’amour qui se débarrasse de tout ce qui le gêne ». Jésus nous dit également « qui est fidèle dans les petites choses sera fidèle dans les grandes ». C’est pourquoi les pénitences sont autant d’actes d’amour qui nous renforcent dans nos résolutions.

Les alliés

Vous voilà maintenant avec une superbe armée, motivée et bien entraînée. Hé bien ce n’est encore rien ! Les armées du Malin sont 20 fois plus nombreuses et infiniment plus puissantes que la vôtre. C’est pourquoi il vous faut trouver de puissants alliés, et qui de plus puissant si ce n’est la famille des anges et des saints, la Sainte Trinité et la Vierge Marie ? S’il vous revient de prendre une résolution, il revient au Ciel de vous aider à la tenir. Non pas que le Ciel soit à votre service, mais au contraire, c’est une preuve d’intelligence et d’humilité que de l’appeler à votre secours. Par cela même vous vous rapprochez de la sainteté puisqu’en réclamant de l’aide, vous vous laissez posséder par Dieu. Comment demander de l’aide ? La Vierge Marie nous le dit à Pontmain : « Priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps, mon Fils se laisse toucher ». Jésus nous le dit lui-même : « quel père à qui son fils lui demande un poisson lui donnera une pierre ? Demandez et vous recevrez ». Pour tenir nos résolutions, il nous faut beaucoup demander, en force, en persévérance, en prudence. Beaucoup demander mais aussi beaucoup recevoir : il est trop bête de n’aller communier ou se confesser une seule fois l’an alors que ces deux sacrements sont une source inépuisable de grâces ! C’est du masochisme, ça revient pour un grave blessé à refuser des soins alors que la boîte à pansements est sous son nez. Prendre une résolution, c’est aussi en prendre les moyens, et la prière et les sacrements reçus régulièrement sont in-dis-pen-sables. Sans eux, toute votre bonne volonté ne sera que coter sur jambe de bois.



La stratégie

Maintenant que vous avez réuni autour de vous armée et alliés, il vous faut choisir une stratégie de combat. A l’échelle humaine, elle peut-être l’attaque ou la défense. A l’échelle spirituelle, elle peut-être l’attaque ET la défense. En effet, face à une tentation, nous avons le choix non seulement de la repousser, mais encore d’enfoncer le Malin dans ses positions. Prenons un exemple : il est tard et vous rechignez à l’idée de dire votre prière du soir. La défense consiste à dire votre prière coûte que coûte. L’attaque consiste à dire votre prière avec lenteur, pour indiquer au Malin que non seulement vous ne céderez pas à ses avances, mais qu’en plus vous vous mettez sous la protection de Dieu et de la Vierge Marie en allant volontairement contre ses tentations. Toutes les fois où vous résistez à une tentation, vous êtes dans la défense. Toutes les fois où vous vous abandonnez à Dieu, vous êtes dans l’attaque. Et bien entendu, pour gagner du terrain sur l’ennemi, il faut savoir passer de la défense à l’attaque.

Conclusion, motivez vos troupes, renseignez-vous sur l’ennemi, entraînez-vous, faites-vous des alliés et… CHARGEZ !!!

Aucun commentaire: