mardi 25 mars 2008

Plaidoyer pour un engagement chrétien dans la cité

Trouvé sur le blog HERMAS :




Plaidoyer pour un engagement chrétien dans la cité

Il est habituel d’entendre ce genre de remarque dans les milieux catholiques : tout se délite, mais que faire ? Vient un conférencier, qui expose des principes de discernement, sur la politique et la morale. On l’écoute patiemment, mais on l’attend finalement sur ceci : va-t-il, oui ou non nous dire quoi faire, quoi entreprendre pour que cela change enfin ? Sinon, chacun repart un peu déçu, comme si les analyses présentées n’avaient servi de rien et comme s’il n’appartenait pas à chacun, au bout du compte, de réfléchir à ce qu’il doit faire et de se déterminer à l’action.


C’est que chacun voudrait croire à la magie. La société n’est pas en bonne santé, certes, l’avenir de nos enfants en est hypothéqué lourdement. Nous voudrions conjurer cela d’un trait, par une formule efficace qui nous serait donnée par autrui. Or la formule, cette formule-là, n’existe pas. Il n’y a que des actions. Des actions ponctuelles, parfois modestes, mais des actions continuées, persévérantes, longanimes qui peuvent engendrer des changements dans le sens que l’on souhaite. Des actions portées, d’abord, sur des prières que nous omettons de prononcer. Tout cela, prières et actions ne nous paraissent pas, paradoxalement, assez réelles. Nous voudrions du spectaculaire, du définitif, de l’évidence dans l’action entreprise et le résultat immédiatement entrevu.

Les choses humaines, cependant, ne fonctionnent pas ainsi. Il faut compter avec leurs lourdeurs, avec la liberté des autres, avec le péché et ses résistances. Le réel est dense, comme une pâte sur laquelle il faut venir et revenir, et tourner, et travailler avec courage, sans se lasser jamais.

Veut-on agir aujourd’hui pour de bon, pour de vrai ?

• D’abord, pour agir, il faut savoir où l’on va. Si l’on est sincère dans ce désir de changement, alors il faut commencer par se former. Les instruments ne manquent pas, qui sont à portée de chacun : le Catéchisme de l’Eglise catholique et le Compendium de doctrine sociale en sont d’excellents. Chaque catholique devrait les avoir à portée de main. Quand une difficulté se présente, ayons d’abord, avant d’émettre des hypothèses ou des opinions, le réflexe de nous y reporter. Puisque c’est essentiellement comme catholiques que nous voulons agir, notre propre réflexion n’en sera que plus nourrie.


• Ensuite, il ne faut pas agir seuls. Les enjeux sont trop lourds. Il existe des associations catholiques ou des groupes qui fédèrent les efforts que nous souhaitons voir mis en œuvre. Alors épaulons-les. Nous faisons souvent ici écho aux Associations familiales catholiques (A.F.C.). Elles ont une audience nationale, et une influence sur les pouvoirs publics. Adhérons-y. Pourquoi devrait-on rougir de susciter ou d’encourager de la sorte un lobbying catholique ? Cela fait partie de la vie de la cité. L’équation sociale est très simple : là où nous ne sommes pas, LA OÙ VOUS N'ÊTES PAS, ce sont d’autres qui occupent le terrain. Pourquoi ne pas le dire aussi : aidez-nous si vous le pouvez, faites-nous connaître, proposez-nous d’éventuelles contributions écrites, apportez-nous des informations utiles, comme d’aucuns le font déjà.

• Ensuite, il faut saisir les opportunités de l’actualité. Les “opportunités” ; pas les échecs constatés, pour en gémir. C’est trop tard. Quand un débat est lancé, montons au créneau. Soutenons nos évêques ou nos prêtres lorsqu’ils se font entendre ; encourageons-les ou interrogeons-les s’ils ne le font pas. Ces débats, aujourd’hui, peuvent être décisifs pour notre société. Agissons auprès de nos élus, de nos députés en particulier, quand il est encore temps de le faire, c'est-à-dire longtemps à l'avance, sachant qu’aux dires de ceux qui en ont l’expérience, ces derniers sont généralement beaucoup plus attentifs à ce genre de sollicitations qu’on ne le prétend. C’est l’occasion aujourd’hui ou jamais, à propos des débats relancés sur l’euthanasie. Les positions de l’Eglise universelle sont très claires et très argumentées sur ce chapitre, et nous tracent une ligne de conduite non moins claire. Alors écrivons à nos députés, qui auront probablement à se prononcer à nouveau au Parlement sur cette question, pour leur manifester courtoisement mais fermement que nous conditionnerons nos votes futurs à leur engagement parlementaire à venir. En un mot, jouons pleinement notre rôle de citoyens chrétiens.

• Enfin, il faut prier pour soutenir tout cela, et la réflexion, et l’action. Ce n’est pas pour apporter un point d’orgue pieux à ce propos que nous le soulignons. On ne se convainc pas assez de ce que la prière est efficace. Elle est en nos mains pour contribuer à l’efficacité de ce que le Sauveur nous a demandé d’être : sel de la terre.

« Ne disons donc pas : “Que nous ayons prié ou non, ce qui devait arriver arrivera” : ce serait aussi absurde que de dire : “Que nous ayons semé ou non, l’été venu, si nous devons avoir du blé, nous en aurons”. La Pro­vidence porte non seulement sur les résultats, sur les fins, mais aussi sur les moyens à employer, et elle sauvegarde la liberté humaine par une grâce aussi douce qu’elle est forte, “fortiter et suaviter”. “En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, Il vous le donnera”. La prière n’est donc pas une force débile qui aurait son premier principe en nous. La source de son effica­cité est en Dieu et dans les mérites infinis de Jésus-Christ. C’est d’un décret éternel de Dieu qu’elle des­cend, c’est de l’amour rédempteur qu’elle provient, c’est à la miséricorde divine qu’elle remonte. (…) Bien loin de s’opposer au gouvernement divin, la prière coopère ainsi à ce gouvernement. Nous sommes deux à vouloir, au lieu d’un ; cette âme pécheresse pour laquelle nous avons longtemps prié, c’est Dieu qui l’a convertie, mais nous étions l’associé de Dieu, et de toute éternité il avait décidé de ne produire en elle cet effet salutaire qu’avec notre concours » (R. Garrigou-Lagrange, O. P., “l’efficacité de la prière”, in Revue des Jeunes, 10 juillet 1923).


Sortons donc de nos torpeurs, de nos lassitudes, de nos habitudes. Pensons à prier en famille chaque jour pour nos gouvernants, remettons en Dieu notre réflexion, nos décisions, nos initiatives nécessaires, avec cette certitude, ferme, fière et responsable que nous pouvons tout en Celui qui nous fortifie. Le Christ ressuscité, qui a vaincu la mort, ne nous a-t-il pas rappelé qu’un père ne donne pas une pierre à qui lui demande un pain ?


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